A la tête d’une colonne prête à se mettre en marche et du haut de ses 70 cm, l’enfant « Koz-o » se tient droit et fier, ses bras disproportionnés placés le long du corps. De son armure laquée noire et or, émerge une petite tête sereine au sourire énigmatique. Qui sont ces mutants, mi-enfants  mi-robots ? Où vont-ils ? Sont-ils de petits rois monstrueux qui attendent un hypothétique signal de départ pour partir à la colonisation d’un nouveau monde ; ou bien viennent-ils d’une autre planète pour conquérir notre propre monde ? Cette petite armée avance-t-elle vers un avenir meilleur ou fuit-elle un monde finissant ? Profondément influencé par la culture des mangas, des films d’anticipation et des romans de science-fiction, HAYASHI Shigeki, artiste japonais né en 1972 dans la région de Mino, inscrit ses séries dans un système de pensée cohérent : l’univers des humanoïdes. Les enfants de la série « Q.P. » sont assis en cercle sur un dojo et saisis dans une attitude de méditation. Ceux de la série « Koz-o », auquel appartient notre sculpture, attendent, alignés en colonne. Les enfants du « Kaguya system », telles des larves prêtes à éclore dans leurs capsules spatiales individuelles, patientent, endormis, pour une lointaine conquête intersidérale. HAYASHI réalise des installations où le nombre et l’accumulation occupent une place importante : l’effet de masse conditionne le regard, l’attitude et la réaction des spectateurs. Tel le sentiment que procure l’imposante armée de terre cuite de l’Empereur Qin à Xi’an en Chine ? L’artiste aime perturber les sens : quel matériau utilise-t-il ? Du plastique, du PVC ? HAYASHI démontre sa parfaite maîtrise des techniques de la céramique en réalisant des œuvres hyperréalistes dont il aime à opposer les couleurs et les textures. Sans individualité, ces enfants-robots à l’expression figée, au corps et au visage moulés, sont la matérialisation de la perfection de la machine. Ils nous suggèrent une introspection sur notre vie moderne. Ils sont à l’image de notre société actuelle, emprunts d’une standardisation de la pensée, des mœurs et des modes de vie qui ne connaissent plus ni les frontières ni les continents. Tels des clones, ces enfants annoncent-ils notre futur commun d’humanoïde sans passion ? Artiste visionnaire, HAYASHI donne corps à nos fantasmes sur l’homme de demain. Il modèle un être hybride, parfait trompe-l’œil, à l’image d’une société japonaise ultra technologique. Très récemment, les ingénieurs nippons ont mis au point un robot quasi-humanoïde capable de saisir les objets aussi délicatement que peut le faire une main humaine. Qui de l’ingénieur ou de l’artiste anticipe le mieux notre futur ? Pour notre prochaine vente de « Créations contemporaines japonaises » prévue en octobre 2009, sera mis aux enchères le dernier exemplaire de la série « Koz-o », d’une suite de 12 pièces. HAYASHI nous transmet au travers de ses œuvres sa vision, peut-être effrayante et dérangeante mais certainement tout aussi poétique, de l’homme du futur aux pouvoirs latents surpuissants et certainement destructeurs.